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Á toi le journaliste, l’homme politique n’est pas celui qui propose !

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Aujourd’hui, le journaliste est plutôt pris en otage par nos leaders politiques, il n’est plus considérés comme un digne informateur mais comme un « boy » rapporteur.

Tout le monde sait que les grands rédacteurs sont les politiciens et les grands correcteurs ou reproducteurs sont les journalistes. J’approuve que le lecteur perd une demi-heure pour passer en revue la presse. L’absence d’articles fouillés, les réseaux sociaux, la prolifération des faits divers, la ressemblance suspecte des papiers, la multiplication des démentis et les longues revues de presse permettent au lecteur de ne plus s’éterniser sur les quotidiens.

En réalité, le public n’est pas si dupe. La majeure partie du peuple pressent cette corruption même s’il n’en voit pas tous les secrets. C’est pourquoi les citoyens ont naturellement retiré leur confiance aux journalistes (plus de la moitié des gens ne leur font plus confiance).

Le ridicule ne tue pas.

Je témoigne qu’ il y a des journalistes aux mains propres qui se préoccupent d’angles de traitement pour tirer à leur interlocuteur les vers du nez, et d’autres, à leur insu, négocient le montant du billet du retour avec les organisateurs. Les négociateurs font circuler une feuille de présence. Les reporters y cochent leur nom et leurs coordonnées téléphoniques. Il arrive que les négociateurs les appellent pour leur demander de passer prendre la prime de transport or rien n’indique le montant arrêté avec les organisateurs. Parfois, l’argent est retiré au nom du reporter et consommé à son insu. C’est du vol. Les journalistes des rédactions où la concurrence est sérieuse n’ont pas le temps d’attendre la remise de ces misérables perdiemes. De plus en plus, des journalistes croyant être dans leur bon droit soutiennent ne rien demander mais être prêts à empocher les billets des corrupteurs.

Le public s’étonne de la floraison des titres. Les entrepreneurs se lancent dans le métier avec les moyens du bord et recrutent des mercenaires corruptibles à souhait. Les dommages collatéraux de leur papier et la valorisation du statut de journaliste les laissent de marbre. Les quotidiens, en général, n’ont plus de correcteur. Ils sont truffés de fautes de syntaxe, de grammaire et de conjugaison.

Le public ne devrait pas s’en plaindre puisqu’il accepte la médiocrité au point de jeter son dévolu non pas sur le journal qui informe le mieux mais plutôt sur celui qui propose le plus de faits divers et de jeux. Plus de grandes plumes et plus de grands lecteurs. Peut-être aussi on peut affirmer l’inverse : plus de grands lecteurs, plus de grandes plumes. Rares sont ceux qui lisent .

La corruption se maquille, plutôt on sait la maquiller.

La corruption s’est répandue dans l’ensemble de la profession. La plupart des jeunes journalistes s’y imprègnent, j’utilise les termes gifler, égorger, et piquer pour désigner les corrupteurs généreux et discrets comme pape Ale Niang, Serigne Saliou de la sen tv, Mansour Sy Cissé etc. Pire, désir de se placer auprès des gens influents, copinage, jugement binaire et réactionnaire, vénération et obséquiosité devant la force, le pouvoir et l’élite, négligence du peuple et des pauvres etc.

Tout cela contribue à faire passer l’ensemble du métier, comme l’écrit Kapuscinski :

d’une vocation élevée, noble, à laquelle les intéressés se consacraient pleinement, pour la vie, à une sorte de hobby qu’ils peuvent abandonner, à tout moment, pour faire autre chose.

La faute n’incombe pas aux reporters, ils sont les premières victimes de l’arrogance de leurs patrons, des groupes médiatiques et des grands réseaux de télévision. Nul n’ignore que, dans les rédactions des journaux, dans les studios de radio et de télévision, il y a des journalistes sensibles et de grand talent, des gens qui ont de l’estime pour leurs contemporains, qui considèrent que notre planète est un lieu passionnant, qui vaut la peine d’être connue comprise et sauvée. La plupart du temps, ces journalistes travaillent en faisant preuve d’abnégation et de dévouement, avec enthousiasme et esprit de sacrifice, renonçant à la facilité, au bien-être, jusqu’à négliger leur sécurité personnelle.
Vous devez vous donner le temps de mener des enquêtes, de vous départir de cette logique commerciale qui vous astreint à surfer sur l’information.

Les grands reportages, les grandes enquêtes et l’investigation nécessitent du temps, des moyens, des preuves et du sérieux. Dans le milieu journalistique, la race des grosses plumes et des porteurs de voix ne s’éteint plus car toujours l’espoir peut être porté sur des gens comme Mamadou Ibra Kane, Pape Djibril Fall qui deviendront toujours des perles rares, avec pour unique objectif, de témoigner du monde qui nous entoure et de la multitude de dangers et d’espoirs qu’il recèle.

Un bon journal, c’est une nation qui se parle à elle-même Arthur Miller

Si l’esprit critique du journalisme actuel semble moins combatif que celui qu’il exerçait sous l’autorité politique, c’est à la force corruptrice du marché qu’à mon sens on le doit.

Pour neutraliser la volonté et l’éthique d’un individu , la corruption s’avère beaucoup plus efficace que la censure directe. Les « contremaîtres » des médias semblent plus vulnérables à l’argent, au pouvoir, à l’égocentrisme, qu’à la menace.

Si la censure classique stimule le courage, la compromission anéantit les forces combatives (et c’est valable pour la plupart des hommes, il faut avoir l’âme d’un héros pour y résister).

Abdou Aziz Marone, Etudiant en multimédia internet et communication.

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